

Vous avez effectué une partie de vos stages de médecine à Montréal. Vous avez également vécu en Alsace et à Marseille. Quels souvenirs culinaires gardez-vous de ces régions?
Alors à Montréal, j’ai une immersion familiale telle, qu’on peut dire que j’ai mangé au Maroc! Donc à part les curiosités du type « poutine » que l’on peut trouver à Montréal, je n’ai pas de souvenirs culinaires. Pourtant j’y retourne souvent. J’ai tellement d’autres souvenirs de cette ville, tellement de belles choses, que je me suis passé des souvenirs culinaires. Je n’étais pas encore dans une phase ou j’aimais tant le sucré. Donc même les tartes au sucre, ou aux pacanes, je n’en mangeais pas. Et comme je n’aime pas trop la viande et que je préfère le poisson… Voilà! Mais ma tante fait un couscous éblouissant. Le souvenir le plus marquant, c’est finalement le couscous québécois! Tabernacle c’est possible ça! Pour Marseille, quand le pense à cette ville, je pense tout de suite à un mélange de saveurs grillées, d’huiles et d’herbes. J’ai tout de suite ça en tête. J’ai l’impression de n’avoir mangé que comme ça en étant là-bas et j’adore. Je garde d’ailleurs beaucoup du méridional dans ce que je fais aujourd’hui dans ma cuisine. Je n’utilise que l’huile d’olive pratiquement. On me la rapporte des Pouilles, car j’aime beaucoup l’huile d’olive italienne. J’ai des parents qui aiment manger, qui sont très pointus. Ma mère est comme je l’ai dit une fine cuisinière, mon père est un très fin gourmet et ils ont des fixations sur l’huile qu’ils nous transmettent… Pour Strasbourg, j’en ai beaucoup à dire, trop peut être pour notre entretien! Déjà il y a les « bredele » que j’adore, les petits gâteaux de Noël. J’avais un cabinet à Strasbourg pendant cinq ans. Et les patients m’apportaient pendant la période de Noël, enfin de novembre à janvier, des paquets et des paquets de « bredele ». J’ai au moins trois livres sur les petits gâteaux de Noël, des tonnes de recettes, j’adore vraiment ça! Par contre je n’ai pas la patience pour les faire. Les petites formes, les décoller, les cuire… J’aime le sucré, mais je n’ai pas la patience pour les petits trucs comme ça!! Je ne peux pas, ça me casse les pieds! J’aimerais bien faire un bredel qui soit immense, qui fasse un mètre carré, je le mettrais au milieu de la cuisine et je le couperais en morceaux et je mangerais un petit bout à chaque fois. Ça, j’adorerais! Je fais d’ailleurs ça avec des galettes Saint Pierre. J’aime également énormément la tarte flambée. Je ne peux pas aller à Strasbourg sans manger une flammenküche. Mais il ne faut pas la manger en ville, il faut la manger en dehors de Strasbourg. C’est une hérésie que de manger en ville, parce que le fromage n’est pas frais, c’est à dire qu’ils prennent le fromage blanc qui est à peine fromage blanc, qui n’est pas loin de la crème. C’est délicieux, mais il faut savoir où aller, dans quels villages, pour la déguster.
Quel est votre péché mignon inavouable, mais dont vous vous délectez en cachette?
Je vais osciller entre les mini-twix et les haribos! (rires) J’en suis au point d’être nauséeux après. J’ai des sacs entiers qui sont cachés derrière le sucre dans le placard. J’essaie d’arrêter les haribos, j’essaie de me sevrer. Je vais partir en cure avec Britney Spears et Guy Martin (voir l’interview de Guy Martin et son addiction aux bonbons!!) . Et heureusement il y en a peu ici, mais j’aime bien les « jelly beans » aussi! Et hélas, j’étias à San Francisco il y a peu. C’était le drame, car je fais mes cocktails. Ils vous disent de prendre ananas et coco et ça vous donne « pina colada ». Mais ça ne marche jamais (rires). Je suis donc obligé de le faire plusieurs fois, en ayant à chaque fois bon espoir d’y arriver. Je finis toujours la boite sans jamais trouver la saveur… Et il y a aussi les M&m’s aux cacahuètes… Mais j’ai un peu décroché avec eux car je suis allé au magasin M&m’s à Las Vegas et j’ai eu un tel écoeurement, que je me suis dit « plus jamais »! Je reste donc sobre, je reste haribos et twix!
Je vous ai donc surpris sur mon blog pour trouver des recettes. Vous arrive-t’il de parcourir souvent les blogs de cuisine, les sites pour trouver des idées?
Tout le temps. C’est à dire que je ne sais rien, donc je suis toujours en train de chercher. C’est un constat terrible d’une ignorance parfaite en cuisine. Maintenant un peu moins, à force de chercher. Je vais souvent sur la blogosphère, mais pour des bêtises en plus. Sinon je suis très « livres de recettes ». J’aime les livres de recettes, j’adore le papier. J’en achète des tonnes que je consulte assez rarement. Pour internet, j’y vais par exemple quand je suis en train de peler mes asperges, je me demande combien de temps je dois les cuire et comment… Voilà, c’est le genre de choses que je cherche souvent. Ou alors je veux faire des meringues, comme je les rate régulièrement, je cherche donc une recette avec 854 commentaires positifs qui disent « génial, inratable ». Là c’est pour moi! À moi la meringue! Pour les sites, je vais souvent sur Marmiton, car pour un même plat, il peut y avoir une centaine de recettes différentes. Et puis, il faut dire que le reste maintenant est en train de mourir, parce que j’ai « la cuisine de Bernard ». Que voulez-vous que je fasse? C’est triste pour les autres sites, mais nous n’y pouvons rien cher ami (rires)! Je vais sur votre site bien entendu pour le sucré. Quoique non, j’ai fait récemment un soufflé au fromage! Bon, il n’a pas levé autant que le votre, on avait l’impression qu’il y avait une explosion nucléaire sur le fond de votre plat. Mais il était très bon. Pour le reste, j’ai compris quelque chose, je n’utilise plus que des bons ingrédients. Je vais prendre des oeufs fermiers, je vais acheter des pastilles Valrhona chez G.Detou, que je mélange, Manjari et Guarana… Toujours de la recomposition.
Y-at’il un livre de cuisine qui, pour vous, se démarque des autres, qui serait presque un livre de chevet?
Oh oui! J’ai une bible. Même deux. Un, pour tous les jours, c’est la « Cuillère d’Argent » (aux éditions Phaidon). Et l’autre, quand je veux faire quelque chose de mieux, de plus élaboré, que j’aime bien pour la cuisine de tous les jours, c’est « Tentations » de Philippe Conticini. Pour la pâtisserie, j’en au moins quinze, et je finis toujours pourtant pas faire mon même sempiternel fondant au chocolat… Mais je peux passer des heures dans ces livres de cuisine, je ne sais pas pourquoi. Mais les deux premiers ne sont pas sur ma table de chevet. Je les adore mais c’est trop compliqué parfois.
Vous voyagez beaucoup. Y-a t’il pour vous un pays qui se démarque des autres pour des raisons culinaires?
Le brésil. Clairement, parce qu’en plus c’est tellement grand, il y a tellement de régions, que les choses changent. Il y a une variation, une richesse là bas. Vous pouvez aller dans le nord-est et manger quelque chose, ensuite vous retrouver plus bas vers la frontière avec l’Argentine et changer de saveurs. Vous retrouver à Sao Paulo et trouver une perfection dans la cuisine occidentale. Le Brésil est fabuleux, c’est un éventail de saveurs. J’aime les plats qui me racontent quelque chose. J’aime savoir ce qui s’est passé pour un plat. Quand je prépare une « moqueca » (plat typique de Bahia) de poisson ici, je suis par contre capable de parcourir tout Paris à la recherche de la bonne huile de palme… C’est un plat merveilleux. Le sucré dans ce pays, ne me manque pas. Il y a du poisson, j’adore ça. J’aime les choses simples, et il y a beaucoup de plats simples et rustiques, comme la « feijoada », qui a une histoire.
Y-at’il pour vous un rapport entre votre littérature et la cuisine?
Je ne sais pas si il y en a un, mais moi, je traite les deux de la même façon, avec ma recomposition permanente! Cela dit, ce n’est pas tout à fait vrai! Je suis beaucoup plus rigoureux en littérature. Toutes les recettes que je n’arrive pas à suivre pour la cuisine, je les suis à la lettre pour écrire un livre. Il y a des méthodes que j’emploie. J’ai des plans très détaillés, je me suis fait un modèle de grille, une écriture etc… Toute la rigueur que j’ai en écriture, me pèse ensuite pour la cuisine. Mais en littérature en général, il y le même panel de saveurs, la même richesse des goûts, toutes les compositions possibles. Il y a autant de plats que de cuisiniers, donc autant de bouquins que d’écrivains.
Si vous deviez choisir votre dernier repas (horreur!!), de quoi serait-il composé?
Je mangerais beaucoup! Je finirais forcément avec haribo et twix! Il y aurait une soupe de riz de ma grand-mère. Une tarte flambée. Une épaule d’agneau. Je ne suis pas dingue de viande, mais j’adore l’épaule d’agneau. Sans doute également une moqueca de poisson. Pour finir un cheesecake. Je ne peux pas vivre sans cheesecake! Et un thé « Forêt du Lion » que je trouve chez quelqu’un que j’adore, Yuan à Toulouse. Voilà ce que serait sans doute mon dernier repas. Je prendrais du Bourgogne blanc et peut être ensuite un vin rouge espagnol ou chilien. Mais si dans tout cela je devais garder un truc, ce serait le cheesecake. Et l’endroit dans le monde où je le préfère, est à New-York, chez Magnolia. Ou alors aussi celui de Sara Beth au Meatpacking District.
Pour finir, une dernière question non culinaire! Vous venez de sortir un livre, « Demain est une autre vie », vous avez vendu récemment vos droits d' »Oscar Pill » à la Warner pour créer un film avec les producteurs de « Harry Potter ». On entendra donc parler de vous, enfin sous votre pseudo « Eli Anderson », dans le monde du cinéma d’ici 2016 (date de sortie présumée pour le ou les films). Allez-vous participer au processus d’élaboration du film?
Je pense qu’il va y avoir ce que l’on appelle, une consultation de politesse. Ils vont nous (Thierry et sa maison d’édition) demander ce que l’on en pense, nous interroger, mais si notre avis correspond à ce qu’ils veulent, ce sera bien, mais sinon, tant pis pour nous en gros…! Mais il faut accepter. C’est à dire que Warner et Heyday Film qui sont associés, avec David Heyman, ont produits les sept Harry Potter et c’est lui qui a choisi Oscar Pill. Mais ce sont des gens qui ont des contraintes importantes, et ils ont acheté une franchise, les droits d’Oscar Pill. Tout ce que j’écrirai leur appartiendra, en termes d’images. Tout cela est très large, et il ne me demanderont sans doute pas mon avis pour tout. Mais cela ne m’intéressera pas forcément d’y participer, c’est un autre monde, c’est une autre création. ll faut laisser les gens s’approprier une oeuvre et en faire leur propre oeuvre.
Pour tous ceux qui ne veulent rien louper de l’actualité de Thierry Serfaty, je vous invite à consulter son site…
j'aime beaucoup cette interview.Je vais tout de suite acheter son dernier livre . IL ne peut être que super interressant car l'auteur est un fan de "la cuisine de Bernard"
merci pour l'interview de cet auteur que j'aime beaucoup! Je viens de finir "demain est une autre vie"… Trop top!
Le blog est super et cette interview très originale et intéressante, il faut dire que je suis une grande fan de Thierry Serfaty et une grande gourmande.
Concernant les bonbons Haribo, pourquoi de pas tenter de faire une glace :-)?
Merci pour vos recettes et à bientôt